Ukraine : Existence populaire russe contre ego des financiers occidentaux


Le professeur Mearsheimer dans un excellent entretien avec un journaliste chinois en Amérique https://www.youtube.com/watch?v=V4s7T-TLp6k nous explique, entre autres analyses fines, que dans le conflit par proxy entre les Etats-Unis et la Russie, c’est la Russie qui va gagner parce qu’elle défend son existence même tandis que les Etats-Unis ne veulent qu’étendre leur hégémonie.

D’abord il ne parle pas de l’Etat-Profond, ce monde financier anglo-saxon d’origine Européenne dont les Etats-Unis d’Amérique sont toujours le bras armé parasité par lesdits financiers issus de la noblesse du Saint-Empire Germanique. Jacques Baud, invité du dialogue Franco-Russe récemment démontre que ce sont les gouvernants Européens plus encore que le gouvernement états-unien qui veulent la guerre et qu’elle a été planifiée de longue date.

Je pense personnellement que le professeur Mearsheimer a raison mais j’ai trouvé intéressant cette contradiction d’un correspondant brésilien défendant que ce sont d’abord les États-Unis qui mènent un combat existentiel.

Un combat existentiel dans ce qu’ils considèrent comme leur essence : être le Premier, le Souverain, le Maitre du Monde.

Le combat américain (et leur erreur ukrainienne) se comprennent avec cette idée que les « États-Unis » ont pris conscience il y a quelques années de leur déclin, de l’inexorable chute de leur niveau de vie, de leur régression au rang de simple puissance. (je dirais quant à moi que l’Etat-Profond cherche à éviter la ruine du système financier autant que maintenir la suprématie des échanges en dollars)

Cela, leur ego ne peut pas le supporter. Toute leur culture exceptionnaliste le refuse. Ils s’y accrochent. Même Trump, le paria le reconnait, lui qui a choisi le MAGA, « make america great again », rendre à l’Amérique sa grandeur.

Le terme existentiel est un terme faisant référence à la continuité physique dans le temps et l’espace. C’est la vie réduite à son essence nue. Mais il peut être employée dans un sens abstrait, et être perçu comme une qualité objective – surtout lorsqu’elle est menacée d’anéantissement. Ici je prends ce terme de façon totalement différente du sens courant, je dis c’est que c’est leur statut – l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes- qui est menacé. « The world America made » est un monde imaginaire et c’est cet imaginaire qui est menacé.

Cette guerre concerne à la base le maintien du monde unipolaire. Les États Unis ne peuvent se résoudre a en accepter la mutation en un monde multipolaire dont ils ne seraient qu’une partie. Les Russes et les Chinois l’ont très vite compris et ils ne se sont pas privés de le faire savoir, en particulier auprès des BRIC’s.

Les commentateurs n’arrivent généralement pas à comprendre ce qui se passe car ils ont été nourris au lait de cet exceptionnalisme américain, ils vivent eux aussi dans cet imaginaire. Ils répugnent à remettre en cause leurs catéchismes, au premier rang desquels la conviction que la « nation indispensable » est la seule souveraine digne de définir les paramètres d’un « ordre international fondé sur des règles ». (Je dirais quant à moi qu’ils sont aux mains des très grands financiers du 0,1% et qu’ils sont grassement payés pour, même s’ils sont médiocres-zélés pour certains, plutôt que médiocres-malgré-eux pour la majorité, chanter les louanges de leurs maîtres)

Les médias en particulier ont intériorisé ce catéchisme. Ils partagent avec les élites américaine cette perception de soi comme upérieur, irréprochable. Ces vassaux des EUA croient conduire la planète vers un destin glorieux sinon juste. Nous sommes dans l’évangile exceptionnaliste de l’Occident chrétien protestant.

Il suffit d’écouter les Borrell et autres pour s’en convaincre : nous ne sommes pas dans l’exceptionnalisme colonialiste chrétien de l’homme blanc mais presque. Nous sommes dans une de ses dérivées.

En tant que Maitres du Monde, Souverains, les États-Unis se sentent le droit et le devoir de gérer la souveraineté mondiale. Ils distribuent la souveraineté ; Ainsi ils peuvent s’arroger le pouvoir de donner la souveraineté qui leur manque aux Ukrainiens et la retirer aux Russes qui ne la mériteraient pas au motif qu’ils seraient des sous-hommes.

Le casting du film du film médiatique à l’américaine que passent au peuples occidentalisés les médias des milliardaires américains a choisi les « bons » : les Ukrainiens ; et les « méchants » : les Russes. De même en occident, au sein de chaque les pays, les « bons » sont ceux qui soutiennent l’entreprise de maintien de l’unipolarité, les « méchants » sont ceux qui considèrent qu’elle est dépassée. Pour ceux-là l’étiquette « poutinolâtre » sera la plus prisée.

La guerre n’est pas une guerre entre deux nationalismes régionaux, l’Ukrainien et le Russe, non c’est une lutte entre l’unilatéralisme occidental (capitaliste) et son ennemi préféré, le Russe (même débarrassé du communisme) !

L’unilatéralisme occidental a pour épine dorsale, l’axe anglo américain. On l’a vu clairement avec les positions en pointe de Boris Johnson qui avait interdit à Zelensky de négocier avec les russes après qu’ils se soient porté au secours des républiques du Donbass et veut maintenant être le patron de l’OTAN.

Cette guerre comme l’explique très bien Jacques Baud, n’est donc pas un hasard : l’Empire a choisi sa victime : la Russie. (et la Chine, rivale potentielle l’a bien compris). Le démantèlement publié par la CIA pour une vassalisation par parties de la Russie n’a jamais cessé d’être l’objectif des grands financiers emmenés par les anglo-saxons. C’est une ligne directrice historique.

Cette guerre est une lutte existentielle entre la souveraineté des russes et la continuité impérialiste mondiale financière anglo-saxonne. Cette interprétation a le mérite d’abord de permettre de comprendre le rôle en pointe des gouvernant anglais. Vu le poids de l’inde, le choix d’un premier ministre riche héritier financier d’origine indienne, donc bien intégré à la City, n’est sans doute pas innocent. Les financiers, leurs multinationales de manipulation (ONG Soros), de l’armement, de l’informatique (GAFAM), des assurances(Blackrock) leurs corruptions des systèmes démocratiques sont dans une position de déclin désespérée.

L’aveuglement des prétendues élites américaines sous influence idéologique s’écarte du pratique et du réaliste pour se réfugier dans le mythe historique et dans ce cadre un pays potentiellement puissant comme l’Allemagne ne peut être que le rival.

Constat qui donne tout son sens aux actions pour priver l’Allemagne d’énergie bon marché, briser ses liens trop étroits avec la Russie.

La préoccupation la plus lancinante de l’empire anglo-axon ces dernières années a été l’avancée de la réconciliation russo-allemande et la montée de leur collaboration économique. Depuis des décennies cette perspective d’une association entre ces deux pays l’un ancien socialiste, l’autre ancien communiste a toujours été comprise comme la plus grande menace à la domination anglo-américaine capitaliste sur le monde occidental. Ce développement des liens de complémentarité devait à tout prix être arrêté avant qu’il puisse prendre de l’ampleur. Cette préoccupation est devenue encore plus cruciale après le Brexit qui a condamné la Grande Bretagne à n’agir que par ses vieux liens et plus directement par les nouveaux. Avec le Brexit la Grande Bretagne a coupé son arrimage continental et a choisi de reprendre le grand large. L’Ukraine c’est le stratagème de l’Empire financier pour fracasser le partenariat russo-allemand.

Nous sommes donc toujours dans les vieux poncifs hypocrites anglo-saxons médiatisés à l’envi : ses qualités illusoires et imaginaires, financées par le crédit, alimentées la fausse monnaie, entretenu les activités spéculatives et maintenu par l’inégalité dans les rapports d’échange :

le phare de la civilisation

le champion des nouveaux opprimés que seraient les LGBTQ !

etc etc

Cette interprétation fondée sur le mythe et le risque existentiel abstrait est riche de conséquences car elle permet de comprendre les erreurs commises en lançant cette entreprise ukrainienne. À partir du moment ou les Anglo-saxons se vivent comme supérieurs, exceptionnels, ils ont forcément tendance à considérer tous les autres comme inférieurs et donc à les sous-estimer. C’est ce qui leur est arrivé avec la Russie.

Les décideurs occidentaux n’ont pas réflêchi en fonction de la réalité, non ils ont réfléchi en fonction d’une pseudo réalité imaginaire !

Les chefs militaires de l’OTAN, influencés par les politiciens, ont surestimé leur armée par procuration ukrainienne d’un demi-million d’hommes, « bien armés et entraînés aux normes de l’OTAN » et dédaigné l’armée russe réelle.

Leur vanité les a persuadés que les Russes se briseraient en morceaux contre une force bien armée, retranchée, guidée par l’électronique américaine si supérieure… Ils étaient si confiants dans le génie de leur plan qu’ils ont encouragé de manière persuasive plusieurs centaines d’anciens combattants de l’OTAN à « partager la gloire » d’humilier les Russes et de faire tomber un régime plébiscité par le peuple russe confirmé par des chiffres à faire pâlir de jalousie n’importe quel président occidental.

Ils se sont trompés aux limites du ridicule dans leurs calculs sur les effets des sanctions ; non seulement les russes étaient prêts avec une économie réelle forte, avec un armement anticipé très adapté à l’agression mais en plus ils étaient prêts diplomatiquement ce qui explique le refus des BRICS de se joindre aux embargos et sanctions. Le Rouble ne s’est pas effondré, il a rapidement repris son niveau optimum.

Ils se sont trompés en croyant que les Russes manquaient de perspicacité stratégique et de logistique. Ils se sont trompés sur toute la ligne; sans doute la plus grande erreur de calcul de toutes a été de croire que les russes manquaient de stocks suffisants de munitions pour mener un conflit prolongé de haute intensité.

L’ignorance de l’Histoire

Plongés dans leur irréalisme idéologique, ignorants de l’Histoire, mal renseignés par leurs espions, ils ont ignoré des siècles d’histoire européenne. Ils se sont convaincus d’une manière ou d’une autre qu’ils pouvaient réussir là ou tous les autres avaient échoué : aincre militairement la Russie et piller ses ressources comme en Lybie, en Syrie ou en Irak.

Les maitres du monde, les suzerains ont fantasmé une Russie intellectuellement, organisationnellement, culturellement militairement inférieure aux occidentaux. L’opération spéciale qu’ils tentent de transformer en guerre montre qu’elle était supérieure en tout.

Une erreur catastrophique que, dans leur désir irrationnel de maintenir leur hégémonie, ils refusent de reconnaitre. Maintenant ils imaginent que les livraisons continues d’armes occidentales à l’Ukraine peuvent geler le conflit, le mettre dans une impasse à partir de laquelle une certaine forme de victoire géopolitique pourra être forgée.

Là encore ils restent dans l’imaginaire propagandiste avec leurs mythes des deux cent mille soldats russes morts et de milliers d’unités de blindés, de véhicules et d’artillerie détruits avec en prime une force aérienne russe prétendument impuissante.

Dos au mur, soucieux de durer encore un peu, Zelensky évoque une escalade occidentale encore plus poussée sous la forme de missiles à plus longue portée et de F-16 qui pourraient bien permettre aux Ukrainiens de chasser les forces russes du Donbass, de délivrer la Crimée et pourquoi pas d’aller jusqu’à Moscou ; ce rêve de puissance qui leur permettrait juridiquement d’intégrer l’OTAN et d’avoir la bombe.

Les financiers et lords anglais quant à eux rêvent d’une intervention directe de l’OTAN qui infligerait aux russes l’humiliation, l’humiliation tant désirée. Et pourquoi pas une frappe nucléaire préventive ? Le délire est complet pas seulement chez Zelensky, mais en Pologne, dans les pays Baltes, chez Boris Johnson et les irresponsables « Verts » allemands.

La différence la plus importante entre les deux camps, l’impérial occidental bourgeois et le russe populaire réside dans le rapport au Réel : les russes sont dans le réel, l’empire est dans les airs, dans ses bulles spéculatives, dans « la Com », dans le mensonge, dans le mythe et il vit dans l’auto-persuasion ; bref le déni ; protection contre le constat d’impuissance.

Les Russes sont entrée dans ce conflit conscients de la réalité qu’ils allaient devoir affronter et, ils étaient beaucoup mieux préparés pour un conflit conventionnel prolongé que toutes les armées de l’OTAN réunies.

Après une année complète de conflit l’économie russe est sur le pied de guerre. Les usines d’armement fonctionnent 24 heures sur 24 depuis des mois déjà, elles produisent tous les types d’armes dont l’année de combat a prouvé qu’elles étaient efficaces. Poutine ne se vante pas, dans son dernier discours devant les élus de la fédération, il s’est adressé non à la communauté internationale mais aux russes et il a joué la carte du soutien et de l’unité nationale. Poutine ne cesse d’expliquer qu’il croit au pouvoir de la Vérité. Elle rend fort ; tout comme le mensonge affaiblit.

Les niveaux de production russes associés à la mobilisation d’un demi-million de réservistes projettent la perspective d’une armée russe encore plus puissante qu’il y a un an, et de plus en plus forte avec chaque mois qui passe.

Pendant ce temps, tous les « surplus » des vieux stocks de l’OTAN sont épuisés. Les effets d’annonce remplacent les livraisons effectives. Les centaines de chars de combat sont devenus des dizaines, la plupart depuis longtemps hors service et nécessitant d’importantes réparations pour les rendre aptes au combat. Les équipages ne sont pas encore formés. La réalité incontestable est que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont incapables de répondre aux énormes besoins matériels d’une guerre industrielle moderne.

L’Etat-Profond anglo-saxon, masqué derrière le gouvernement des États-Unis, lutte contre le sens de l’Histoire. On voit que ce n’est pas comme l’espérait le étrolier Warren Buffet « la fin de l’Histoire » (sous-entendu : l’histoire de la libération des peuples entamée lors des révolutions anglaise, américaine et français du XVIIIième toutes trois détournées au profit de sa classe).

Catapultés par ses parasites financiaro-industriels, chiens de garde ONG et médias à l’appui, les gouvernants des États-Unis sont au service de la finance avec en point de mire l’affaiblissement des peuples Européens pour qu’ils soient soit dans leur dépendance, soit dans l’impossibilité de former un pôle européen sous influence germano-russe. Ainsi ils défendent même pas les intérêts des américains mais seulement les intérêts du capital ; avec le sang des ukrainiens.

Alors que l’Eurasie bénéficierait de la paix, les États-Unis ne bénéficient que de la guerre et de l’hostilité. Pourquoi ?

Parce que la finance occidentale est un calculteur rationnel froid dépourvu de toute morale : Les capacités de l’occident sont tout simplement trop éloignés du centre économique et culturel de ce monde peuplé en essort qu’est l’EurAsie. S’ils « laissaient » se développer l’EurAsie (c’est-à-dire : l’énergie de la Russie et de l’OPEP alimentant le potentiel technologique et humain de l’Europe et de la Chine), ils seraient simplement laissés pour compte et perdraient leur hégémonie. D’où leur intérêt stratégique à empêcher que cela se produise. Par conséquent, ils feront tout – et tout peut signifier aussi n’importe quoi – pour empêcher que cela ne se produise. Ils manipuleront, ils se battront, ils laisseront l’Europe mourir de faim et ils génocideront les européens comme leurs indiens si nécessaire.

Ils ne se soucient pas de la morale et ne se soucient pas que l’histoire les juge avec sévérité, comme ce fut le cas pour les Romains, les Britanniques et le Troisième Reich qui s’en moquaient. Ils espère réécrire l’Histoire après avoir vaincu.

Voilà les raisons (juste un peu arrangées à ma sauce) qui font mon désaccord avec Mearsheimer (que j’admire intellectuellement) disant que seule la Russie est menacée existentiellement.

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