La vie, c’est mal
l y a quelque chose d’extraordinaire avec les élites : elles ne cachent rien. Et si vous aviez l’une d’entre elles devant vous, elle vous dévoilerait tous ses secrets en toute naïveté. Il n’y a donc rien à découvrir ; tout se sait. De quoi parle-t-on, que fait-on dans les salons feutrés des élites ? On joue à se faire peur avec le risque de longévité. La chose est bien connue des actuaires et des assureurs. Elle fait frémir d’horreur les investisseurs. Les sociétés BlackRock, Vanguard, State Street et compagnie sont les principaux investisseurs de la planète en fonds cotés en bourse. Ces multinationales tentaculaires ont des parts dans toutes les sociétés du monde ou presque, avec la haute main sur des dizaines de milliers de milliards de dollars d’actifs : prenez un 1 avez treize zéros derrière et vous serez encore en dessous du total. La puissance de ces institutions s’étend sur toute la planète ; elle est délirante, au delà des possibilités des états les plus puissants. Elles contrôlent plus de trente fois le PIB de la France. Elles sont les chefs d’orchestre de l’économie globale. Mettez tous leurs dirigeants dans une petite pièce et vous changerez la face du Monde… ou du moins la moitié : l’autre moitié est contrôlée par les fonds de pension, qui gèrent la retraite des vieux par capitalisation. Ces deux Léviathan s’accordent sur un point : le risque de longévité est peut-être la pire calamité qu’ils vont avoir à combattre.
Qu’est-ce que le risque de longévité ? Inassurable, indiversifiable, incontournable, c’est Armageddon, la fin programmée de toute finance capitalistique. Les plus courageux pourront consulter cet article tiré de la Revue française d’économie. Le risque de longévité est peu connu en France car on y jouit d’une retraite par répartition (le Diable pour les néo-libéraux). Quand on a l’habitude des retraites par capitalisation, on comprend mieux.
Dans les pays libéraux, on finance sa retraite par l’épargne. Puis, quand on atteint 60-70 ans et que l’épargne est suffisante, on la convertit en rente viagère via un fonds de pension, par exemple sous la forme d’assurances-vies. Une rente viagère, c’est une rente qu’on touche jusqu’à la mort («viager» vient de l’ancien français «viage», la durée de la vie). Le fonds de pension fait donc fructifier ce capital afin de verser une rente au retraité. Mais ce capital est dans la quasi-totalité des cas bien trop faible pour couvrir les besoins minimaux d’une personne uniquement à l’aide des intérêts : il faut rogner le capital. Ainsi au bout d’un certain temps il n’y a plus de capital et pour tenir ses engagements le fonds de pension est obligé de payer la rente de sa poche… et perd de l’argent. La survie du pensionné au delà de cet âge limite est appelé risque de longévité, car au delà le fonds ne fait plus de profits. Il espère donc que le brave retraité va avoir la courtoisie de mourir avant terme. L’humain parfait pour un fonds de pension, c’est un individu qui travaille et épargne jusqu’à ce qu’il devienne improductif et, à partir de ce moment, dans les 70 ans, il tolérera sa survie tant que son épargne couvrira ses frais vivriers, mettons jusqu’à 80 ans. Au delà, sa mort sera souhaitée, encouragée, provoquée peut-être.
Vous aurez sans doute remarqué que toutes les crises financières majeures – celles non-voulues par les élites – sont toujours suivies d’une «pandémie mondiale». En 1998 a été organisé l’arnaque de la grippe aviaire, juste après la crise des marchés obligataires de 1998 qui a failli détruire le système financier mondial. En 2009 s’est terminée la crise des subprimes qu’on a cru être la Der des Ders. Dans la foulée, dès le printemps de la même année, on a imposé une pseudo-pandémie H1N1 avec propagande vaccinale au Pandemrix toxique rendant les gens narcoleptiques. Les «pandémies» servent de parachute de secours à la haute finance depuis plus de 20 ans. Depuis 5 ans tous les spécialistes mondiaux de la finance s’époumonent pour alerter sur l’imminence d’un krach majeur qui engloutira tout. Les banques n’ont plus de fonds propres et tous les investisseurs, à force de jouer de l’effet de levier, sont à la limite du défaut de paiement : un seul fait faillite et tout le système s’effondre. Il a donc fallu inventer un prétexte pour perfuser directement les investisseurs privés avec l’argent du public via des «aides» de l’État et des emprunts à taux négatifs. Ce prétexte, c’est encore une pandémie : la COVID-19. Et comme l’économie est exsangue, foutue, les élites n’ont plus le choix : il faut instaurer une dictature pour garantir des rentrées d’argent à hauteur de leurs dettes, directement du compte bancaire du citoyen à celui de l’actionnaire sans même passer par la consommation commerciale, devenue un prétexte inutile.
Le risque de longévité n’est donc plus autorisé : il faut que les gens meurent avant 80 ans, point. Mais avec toute cette armée de vieux qui débarque du Papy-boom, c’est la catastrophe ! Quinze années de vagues blanches en vue, la déferlante ! La faillite ! L’effondrement final ! C’est là que la COVID-19 intervient. Dans tous les pays on a fait voter (ou décréter, comme en France) l’autorisation d’euthanasier les malades de la COVID-19, sur la base d’un test bâclé qui répond positif au bout de quelques essais. Il suffit d’obliger les vieux à se faire tester régulièrement pour pouvoir les piquer tranquillement. On les met de force sous respirateurs, violemment intubés, puis on leur prescrit des opiacés pour traiter l’angoisse provoqué par le «traitement», le tout suivant les recommandations officielles des autorités sanitaires. Comme les opiacés sont des dépresseurs du système respiratoire, les patients étouffent. Alors on peut les piquer tranquillement, les achever au Rivotril ou au Valium en intraveineuse suivant les mêmes recommandations sanitaires. Il faut alors que tout autre stratégie de soin soit interdite, le but étant de tuer, non pas de guérir. On déclare alors toxique des médicaments massivement consommés depuis des décennies sans jamais tuer personne juste parce qu’ils ont le malheur d’être efficaces contre la COVID-19. Par contre le Doliprane, un poison pour le foie occasionnant des lésions graves, parfois mortelles même à dose thérapeutique, est prescrit systématiquement en cas de COVID-19. Ce produit est bien évidemment parfaitement inefficace contre la maladie.
C’est pour cela aussi qu’en pleine «pandémie» le premier réflexe du gouvernement français a été de fermer des lits d’hôpitaux – 5700 en 2020 – et de réformer les retraites. À bas la retraite par répartition qui échappe à la rapacité des fonds de pensions ! La retraite par répartition résout automatiquement le risque de longévité par la solidarité intergénérationnelle. Mais voilà, cette retraite est financée par… des cotisations patronales. Ce sont in fine les investisseurs qui paient pour le peuple. C’est équivalent à un risque de longévité généralisé à tous les plus de 65 ans, le pire scénario imaginable pour un néo-libéral. C’est intolérable !
La vie, c’est bien seulement quand ça rapporte
Le vaccin fait partie de cette gestion du risque de longévité. Il faut à la fois que le travailleur survive jusqu’à 65-70 ans pour engraisser l’assurance-vie et aussi qu’il décède dès 80 ans passés. Pour le décès, c’est réglé. Mais pour sa survie le travailleur sera traité suivant les méthodes éprouvées en médecine vétérinaire : antibiotiques et vaccins administrés en masse, obligatoires et réguliers. Comme cela on garantit la survie des esclaves au plus faible coût, à l’instar des vaches à lait et des poulets en batterie, juste ce qu’il faut pour qu’ils soient rentables. Nul besoin de médecins de ville : au moindre cas détecté, on injecte en masse et on conserve quelques hôpitaux pour les cas d’urgence. En fait, la simple survie de l’employé est suffisante pour engraisser le Capital, C’est pour cela que les laboratoires et les gouvernements se fichent des effets indésirables des vaccins : ils savent – ou croient savoir – quelle proportion de personnes mourra et quelles maladies elle aura. Ils supposent que les vaccins causeront majoritairement des dégâts non létaux, qui n’impacteront pas outre mesure les capacités minimales de travail, mais qui écourteront l’espérance de vie d’une vingtaine d’années, plaçant l’âge de la mort à 65 ans, l’âge idéal pour crever selon les investisseurs institutionnels.
Les vaccins n’ont pas été conçus pour tuer mais pour rapporter de l’argent et imposer une vision vétérinaire de la médecine. Ne vous inquiétez pas, vos maîtres ne veulent pas vous assassiner, ils souhaitent juste que vous ayez envie de mourir dès qu’ils n’auront plus besoin de vous. Si par malheur une hécatombe vaccinale survenait, les investisseurs seraient tranquilles : les états ont signé à tour de bras des décharges de responsabilité : le peuple paierait toutes les conséquences de son propre empoisonnement, nourri par un discours rappelant celui du violeur déclarant à la Cour : «Je n’ai violé personne puisque j’étais consentant !» Il faut que le peuple accepte de se faire traiter comme une vache dans une étable surpeuplée. Les masques et la vaccination sont des exercices de soumission destinés à éduquer une population d’esclaves. La mort, elle, sera conseillée aux improductifs finaux : les personnes trop âgés pour pouvoir rapporter des dividendes aux investisseurs. Les vieux actionnaires, les vieillards milliardaires, eux, ne sont bien entendu pas concernés.
Les psychopathes aux commandes souffrent d’une aversion non pas au risque mais à la surprise. Leurs profits sont planifiés sur des dizaines d’années. La seule solution pour conserver une rentabilité minimale de 5 % tout au long de leur existence c’est de contrôler la vie des gens dans ses moindres détails afin d’éliminer toute surprise, afin de garantir tous les investissements, y compris les rentes viagères. Dans un monde où le déterminisme est absolu, nécessairement la liberté est interdite et la mort programmée. C’est ce qu’on nomme le totalitarisme, la version la plus efficace du capitalise néo-libéral.
« La crise mondiale, il faut que nous lui apportions une réponse mondiale. J’en appelle à tous les gouvernements. Aucun d’entre nous n’en sortira en faisant sa propre politique dans son coin, isolé de ce que font les autres. Aucun. Nous avons besoin du dynamisme de chacun pour deux choses. La première : trouver un nouveau système de régulation. Ce sera l’enjeu du Sommet de Londres. Je puis vous dire une chose : l’Europe aura une position commune et forte. Je puis vous dire une deuxième chose : nous n’accepterons pas un Sommet qui ne décidera pas. Je puis vous dire une troisième chose : on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne, ne pourra s’y opposer. »
Nicolas Sarkozy, Paris, le 16 janvier 2009
Le nouvel ordre mondial est connu de tous depuis des décennies. Au Forum Économique Mondial, tout cela est annoncé, débattu en détail au vu et au su de tous. Il n’y a rien de secret ; il s’agit juste de notions techniques connues des financiers, des assureurs, des banquiers et des actuaires. Les papiers blancs de cette organisation expriment une angoisse palpable qui confine à la panique tant les postures adoptées y sont contradictoires. Le grand âge est à la fois une bénédiction et une malédiction. Les personnes âgées ne sont plus capables de travailler mais doivent tout de même continuer. On se demande si on peut se permettre de vivre jusqu’à 100 ans. Sinon quoi ? Tous les documents prennent soin de ne pas pointer du doigt l’éléphant dans le placard : que faire des inutiles ? Dans la France du milieu du XX e siècle, 45 % de la population active était paysanne. Aujourd’hui, ce pourcentage n’est plus que de 3,6 %. Meure-t-on de faim en France ? Bien au contraire : le pays est en excédent agricole permanent ; alors il faut se rendre à l’évidence que 41,4 % de la population active n’est pas nécessaire aux activités vitales. Autrement dit, les personnes âgées n’ont pas à travailler pour assurer le niveau de vie de tous le pays. Cela, les notables du Forum Économique Mondial ne l’ont pas compris ; ils redoutent un cataclysme là où la civilisation technologique nous libère du labeur de nos ancêtres. Les plus grands spécialistes de l’économie globale se révèlent complètement psychotiques. La civilisation financière capitalistique est prise d’une bouffée délirante à la vue de sa fin toute proche, précipitée par ses contradictions internes. Par son pouvoir hégémonique, elle se permet aujourd’hui d’appliquer des politiques que la décence ne permet pas d’exprimer. Qu’importe ! Ils ont aujourd’hui un prétexte qu’ils défendent bec et ongles : la COVID-19.
Le concept qui explique tout, qui devrait scandaliser la planète entière, est celui-ci : risque de longévité. Dans quel monde peut-on concevoir que vivre longtemps est une malédiction ? Que la frugalité est un péché ? Quelles esprits malades ont pu imaginer pareilles perversions au point qu’on puisse souhaiter rationnellement la mort d’une partie de la population pour gaver une autre ? On pense à L’Àge de cristal , à Soleil vert et on se dit que la fiction s’inspire toujours de la réalité ; elle est juste imaginée par des gens plus perspicaces que le commun, mais assez prudents pour édulcorer les faits afin de divertir au lieu d’inquiéter. Il suffit pourtant d’ouvrir les yeux et de contempler car la réponse est sous notre nez depuis des décennies.
Ce qui nous apparaît comme un plan est la convergence mécanique des intérêts communs des fonds de pension et des fonds d’investissements face à la manne du papy-boom. C’est la crise financière imminente qui les a décidés à radicaliser leurs approches. Mais leurs méthodes sont anciennes et appliquées depuis longtemps, seulement connues de spécialistes barbants. Invite-t-on des actuaires aux fêtes populaires pour égayer l’ambiance ? Ces méthodes sont devenues systématiques et mondiales grâce aux conglomérats médiatiques et, bien évidemment, aux petites mains politiques. Les Maîtres du Monde sont peu nombreux. Il n’est pas difficile pour les élites aux commandes de se réunir autour d’une table de restaurant à l’Automobile Club ou d’en discuter durant leurs réunions annuelles du Billderberg. Ces réunions sont comme des clubs de pétanque de village, mais peuplés de milliardaires et d’hommes de pouvoir : voter leur bilan comptable c’est décider de l’avenir de l’économie mondiale ; ça n’est qu’une question d’échelle. Ces clubs de privilégiés, à l’instar des associations locales, sont percluses de petites rancœurs, de querelles mesquines entre pairs. Dans le monde des grands prédateurs, on s’entrecraint plus qu’on ne s’entraide. Si il y avait un plan, il serait bien vite abâtardi par les plus cupides, toujours prêts à sacrifier la communauté pour leurs intérêts personnels. C’est pour cela que les riches sont organisés en familles autour de patriarches : Mulliez, Bouygues, Bettencourt, Dassault, etc. Elles n’ont rien à envier aux mafias.
Il n’y a pas de plan, il n’y a pas de notes de services avec propos liminaires, sommaire et distribution des tâches. Il y a juste des intérêt institutionnels qui se sont mis à converger face à la crise dégénérative de leur idéologie financière commune. L’union faisant la force, tous les détenteurs d’autorité, publics et privés, se sont unifiés sous la bannière COVID-19, sans même avoir eu besoin d’y réfléchir. Comme toujours, quand les élites sont en crise, elles se défoulent sur le peuple. Et là, tous les coups sont permis : destruction des libertés publiques, mensonges généralisés, fraudes systématiques, assassinats de masse, etc. Puis, quand le peuple sera maté, elles se dévoreront entre-elles pour laisser au final une terre gaste à rebâtir. Tout s’est préparé en pleine lumière à partir d’une structure peu à peu déformée, enflée, monstrueusement boursouflée telle un organe devenu cancéreux dévorant tout «quoi qu’il en coûte».
La vie, c’est bien aussi quand c’est la mienne
Dans la forme sinon dans les faits, en France, l’un des portes-paroles majeurs de l’intelligentsia ultra-libérale est Jacques Attali. Ce personnage ne mérite pas tant d’égards ; mais depuis longtemps il a transcendé sa nature humaine pour devenir le symbole de la doxa financière y compris dans ses aspects les plus spirituels. Après tout, il n’avait qu’à pas se mettre tant en avant dans les médias aux ordres de ses maîtres. Il se révèle alors bien commode pour sonder les angoisses du petit cercle fermé des fous de la finance. Inutile de se fatiguer à écumer les colloquiums et autres workshops en spécialités arides : il suffit d’écouter les belles histoires de l’Oncle Jacques et nous voilà informés des phantasmes et des craintes du clan des possédants. Jacques Attali écrivait ce qui suit dès 1979 :
« Mais dès qu’on dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société. D’où je crois que dans la logique même de la société industrielle, l’objectif ne va plus être de rallonger l’espérance de vie, mais de faire en sorte qu’à l’intérieur d’une même durée de vie déterminée, l’homme vive le mieux possible mais de telle sorte que les dépenses de santé seront les plus réduites possibles en termes de coûts pour la collectivité. »
L’avenir de la vie, 1979, page 273
Ne vient-on pas de lire l’exacte définition d’une vie conforme au risque de longévité maîtrisé ? Les idéologies forment jusqu’à la perception que l’on a de la réalité. Pour un ultra-libéral doctrinaire, le risque de longévité est réel. Mais pour un autre type de croyant, mettons un socialiste, qu’en serait-il ?
« Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d’éliminer la vie lorsqu’elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future. »
L’avenir de la vie, 1979, page 275
Jacques Attali se défend de faire l’apologie de l’euthanasie. Dont acte, il ne la fait pas. Il se contente d’énoncer ce qu’il pense être les conséquences naturelles de la structure de l’Univers : il croit sincèrement que la mort est l’avenir de la vie tout comme la nuit est le futur du jour. Pourquoi pense-t-il cela ?
« Je suis pour ma part, en tant que socialiste, objectivement contre l’allongement de la vie car c’est un leurre et un faux problème. Je crois que se poser ce type de problème permet d’éviter des questions plus essentielles telle que celle de la libération du temps réellement vécu dans la vie présente. À quoi cela sert de vivre jusqu’à 100 ans, si nous gagnons 20 ans de dictature. »
L’avenir de la vie, 1979, page 274
Jacques Attali, un socialiste ? Quelle est cette sorte de socialisme qu’embrasse ce suppôt du capitalisme le plus brutal ? Face à un tel oxymore, faut-il encore expliquer la différence entre un capitaliste et un socialiste ? Il faut croire que oui, plus que jamais. Le capitaliste est celui qui tient pour valeur faîtière la propriété scripturale, celle qu’on nomme abusus en droit romain, le fait de détenir un papier affirmant : «Ceci est à moi !» Pour un tel être, la seule activité méritoire est celle qui rapporte au capital : dividendes, intérêts, loyers, fermages, etc. Le fructus, le fruit du travail des hommes, doit revenir à l’abusus, le propriétaire de papier. Le retraité touche une pension sans faire fructifier le capital de quiconque : c’est donc un inutile, un oisif, un parasite méprisable. Pour un capitaliste, le vieillard ne vaut rien ; c’est un déchet dont la seule valeur philosophiquement acceptable est celle qu’il a pour lui-même, c’est-à-dire la jouissance qu’il tire de son propre corps. Selon les termes de Jacques Attali l’euthanasie est envisageable, souhaitable même, quand la vie ne fournit plus les jouissances narcissiques que l’individu en attend. On découvre la nature de la psyché capitaliste quand elle atteint la limite de son idéologie : le corps des autres pour son profit et son propre corps pour son plaisir ; autrement dit, l’égoïsme absolu.
Le véritable socialiste – qui n’a bien évidemment rien à voir avec les partis soi-disants socialistes ni avec Jacques Attali – se pose à l’opposé du capitaliste suivant les concepts issus du droit romain. Pour le socialiste, la plus haute valeur réside dans l’âme des hommes qui se rassemblent en communauté, j’ai nommé la société. Cette communauté fait des choix structurants fondés sur des principes, par exemple que tous les membres de cette société ont droit à une vie digne, peu importe le prix. Nous l’avons décidé, l’intendance suivra. Le coût des soins des personnes âgées ne se discute donc plus. Le retraité est réputé jouir d’un travail libre : il décide en son âme et conscience de l’activité à poursuivre pour le reste de ses jours tout en étant rémunéré pour l’accomplir. Qu’il se constitue professeur émérite, conteur en éducation populaire ou nounou de ses petits-enfants, il a acquis le droit de choisir ce qui est bon à ses yeux de faire pour la communauté. À l’instar des anciens dans les sociétés traditionnelles, les retraités sont vénérés pour leur savoir, leur expérience, leur sagesse parfois, et pour le lien qu’ils incarnent entre la fragilité du présent et la mémoire vivante des temps héroïques. La valeur des soins apportés aux personnes âgées – aux inutiles, aux non-rentables – atteint même une forme de sacré car elle incarne le principe même des buts de la société : la dignité pour tous, même pour les inutiles, même pour les non-rentables. Les séides écolo-libéraux tentent de valoriser les déchets. Mais dans le socialisme, il n’y a pas de déchets. Dans une telle conception, seul le travail allant dans le sens du bien commun est honorable, et la propriété dite d’usage revient donc automatiquement à celui qui s’en sert dans ce but. Au sens du droit romain, le crible de la pensée politique des pays latins, le fructus revient à l’usus, au détenteur de la propriété d’usage, celui qui rapproche le corps social de ses objectifs désignés.
Comment décrète-t-on les objectifs d’une communauté ? Pour le capitaliste, c’est simple : il faut préserver le respect absolu de la propriété. Il faut donc qu’en tous temps et en tous lieux le papier où est apposé le nom du propriétaire soit vénéré comme l’Évangile au Vatican. Il faut des lois universelles et une police mondiale pour protéger l’unique arbitraire acceptable sur Terre : que tel papier arborant tel nom – celui-là et pas un autre – a une valeur incontestable. Le capitalisme s’étire aussi loin qu’il peut et se métastase invariablement en état policier, en dictature et en totalitarisme, puisqu’au final tout devient propriété, tout appartient à quelqu’un, absolument tout. On peut donc décider que votre corps ne vous appartient pas et vous injecter un vaccin de force pour le bien de ce qu’aura décidé l’intendant de votre propriétaire, le gouvernement par exemple. De même, votre parole est propriété d’un autre et peut donc être interdite ; votre esprit n’est pas â vous : il y a des choses qu’il ne faut plus penser et des pensées qui doivent être exterminées jusque dans l’intimité de votre âme, comme par exemple l’idée que vous pourriez refuser de vous faire piquer, l’idée que vous pourriez disposer de votre corps alors qu’il appartient à quelqu’un qui n’est pas vous. Le capitalisme tend vers l’hégémonie totale ; il encourage donc tout ce qui massifie les peuples : l’industrie, la consommation, la normalisation, l’universalisme, le mondialisme, l’humanisme et tout ce qui détruit l’individualité. Il déteste tout ce qui émancipe les peuples et combat tout ce qui menace l’ubiquité des titres de propriété : l’artisanat, la frugalité, la qualité, l’autodétermination, la souveraineté, le libre-arbitre, toutes ces choses diabolisées par les médias aux mains des milliardaires et des banquiers, soit plus de 90 % des organes d’information.
Dans une société socialiste, il faut que le peuple décide et trouve un moyen de transcender les divergences qui le traverse. Les philosophes des temps passés, à l’inverse des intellectuels qui encombrent les téléviseurs, ont déjà guéri cette schizophrénie essentielle du peuple : «une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts, et qui se fixe comme modalité d’associer à parts égales chaque citoyen dans l’expression, l’analyse, la délibération et l’arbitrage de ces contradictions», écrivait Paul Ricœur, une telle société «est démocratique». À l’inverse du capitalisme, le socialisme tend vers la démocratie, et au delà vers son ultime limite : l’anarchie, la forme la plus élevée de l’ordre, celui où tous les individus sont pleinement libres de choisir le but informulé de tous les membres de la société. Cette utopie, cette asymptote inaccessible, est forcément diabolique pour Jacques Attali :
« Le concept de liberté va devenir de plus en plus perverti, et c’est ça qui est fascinant dans cette évolution et c’est peut-être pour cela qu’elle est le plus terrible, c’est qu’elle va récupérer tous les concept, y compris celui de liberté, je dirais même y compris les idées d’Illich dont vous parliez tout à l’heure. Parce qu’est-ce que c’est que cette société de machines [N.D.R. médicales] qui nous apprend à nous surveiller nous-mêmes ? C’est une société qui dit : « Soyez libres », « débarrassez-vous du médecin », « soignez-vous vous-mêmes », « sortez de l’hôpital », ce que dit Illich ! Et autrement-dit, elle va sous prétexte de liberté, sous prétexte d’autonomie, créer les conditions de l’aliénation la plus formidable, qui est en quelque sorte l’aliénation par soi-même, volontaire, à une norme imposée de l’extérieur. »
Parlons de médecine « Où va la médecine ? », seconde partie, Antenne 2, 1979
Autrement dit, être libre c’est être l’esclave de sa propre conscience sociale. Laissons-nous donc guidés par les financiers et nous serons délivrés du joug pervers de cette liberté fantoche qui n’est que celle d’arbitrer en son âme étriquée le but futile de faire le bien commun. Pourquoi un tel individu se prétend socialiste ? Pourquoi les «socialistes» contemporains, comme Jacques Attali, François Hollande ou Emmanuel Macron, prônent-ils des politiques ultra-libérales ? Parce que dans l’imaginaire collectif «socialiste» signifie «gentil» et «ultra-libéral» veut dire «méchant». Peut-on raisonnablement choisir de vendre une politique «méchante» en se prétendant «gentil» ? Qui oserait donc faire preuve d’un tel cynisme ?
Jacques Attali est selon la conception de Georges Dumézil un oratore, une sorte d’ecclésiastique dont le rôle tribal est d’énoncer les mythes et la morale de son clan. Il prophétise au sens religieux, c’est-à-dire qu’il énonce les désirs de son seigneur Mammon, le Veau d’or, le dieu Argent des capitalistes. Ce qu’il décrit, c’est la société qui nous attend si nous laissons faire les ultra-libéraux, dont il est le héraut. Tel un barde des temps modernes, il chante la saga des financiers, il vante la noblesse des investisseurs. Il vénère aujourd’hui le Moloch vaccinal prêt à dévorer tout ce qui vit et promet le Schéol à ceux qui s’y opposeront :
« Nous n’aurons pas de seconde chance. Si nous ne nous y mettons pas sérieusement au plus vite, nous regretterons cette pandémie, comme un de nos derniers moments heureux. »
La pandémie, et après ?
Soyons honnêtes, ce qu’il raconte depuis des décennies n’a rationnellement aucun sens. Sa nécrophilie poétique, quoique divertissante, ridiculise ses propos. La pandémie un souvenir heureux ? L’allongement de la vie une malédiction ? Un fait majeur transcende la portée de ses fables : ce sont ses maîtres financiers qui ont gagné, qui dominent aujourd’hui la planète et qui dictent leur loi. Par l’autorité des chiens fous, des COVIDistes azimutés, la fable est devenue vérité. Il n’est alors pas étonnant de voir se réaliser tous les rêves d’absolu des possédants pathologiques.
J’entends dans l’oreillette un propriétaire à l’indignation criarde : «Ah ! Vous êtes antisémite ! Vos possédants, avouez-le, ce sont en fait des juifs ! Ah !» Mon cher propriétaire, tes vociférations ont l’âge des élucubrations de Jacques Attali : plus personne ne les écoute. Elles ne sont que les braillements d’horreur des vieux possédants souffrant l’agonie de leur modèle de civilisation. Eux qui se prétendaient «socialistes» pour vendre l’Enfer ultra-libéral au peuple et son Paradis aux nantis, ils se prétendent maintenant «juifs» pour échapper au bilan de leur société. La bête aux abois se débat ; elle s’abaisse à toutes les ignominies, allant jusqu’à se creuser un dense terrier barricadé par les cadavres des temps passés. Penser une seule seconde que ces gens sont juifs, que l’on parle de juifs, le voilà le véritable antisémitisme.
Le monde d’après n’a que faire de ces discours galvaudés justifiant une fuite en avant qui nous mène aujourd’hui au désastre. La population se sent à ce point détachée de ces marronniers qu’elle ne prend même plus la peine de voter. Messieurs les Maîtres du Monde, nous aussi nous avons un plan et il ne va pas vous plaire. Nous vous promettons l’Enfer, la souffrance indicible du pire des châtiments : nous vous condamnons à devenir des citoyens ordinaires. Ça sera bien suffisant.