En me rendant un point sur mon permis de conduire, vous m’écrivez en ces termes « je vous encourage à maintenir votre vigilance pour ne plus perdre de points mais surtout pour protéger votre vie ainsi que celles de vos proches et de tous les usages de la route ».
Vu mon âge et mon cursus, s’adresser à moi de cette manière infantilisante n’est appropriée ni à ma maturité, ni à mon degré de conscience des mécanismes qui régissent les sociétés.
Réservez donc ce ton paternaliste vaguement condescendant à ceux qui se gavent de médias à la solde et croient encore à votre mascarade sécuritaire : en tant qu’expert en management de la sécurité dont la méthode de changement de culture a, au contraire de bien d’autres, fait ses preuves dans les entreprises où je suis passé, permettez-moi de vous dire que vous faites, en plus d’être vexant, fausse route ; pour deux raisons :
- La vitesse n’est pas la cause des accidents comme le démontrent les statistiques communiquées par la ligue de défense des conducteurs dont je fais partie. Depuis 10 ans plus les contrôles de vitesse augmentent et plus accidents reprennent. Même votre police est maintenant contre cette politique du tout radar sous prétexte de vitesse. Il faudrait plutôt vous pencher sur le stress, la fatigue, la drogue, les distances de sécurité, l’état, la taille et la qualité des routes nationales. On voit que si vous vous intéressiez aux vraies causes, vous seriez face à vos problèmes; au lieu de laisser penser que c’est le mien ou celui de millions de verbalisés à tort par vos radars.
- Le respect des règles n’est qu’une partie de la sécurité. Ce qui fait la sécurité c’est d’abord l’attitude mentale préventive. Vous imaginez bien que dans un métier que je pratique depuis 35 ans et depuis un accident il y a 25 ans qui avait failli me coûter la vie (fatigue), je n’ai plus jamais pris le moindre risque sur la route. Par conséquent, je peux vous affirmer que cette amende était parfaitement injustifiée en termes de risques.
Légalité et légitimité sont deux choses différentes. Vous avez la légalité pour votre reproche, mais j’ai la légitimité pour vous éclairer sur ce dont vous vous rendez complice :
Plantons d’abord le décor avec cette citation de Frédéric Bastiat, économiste du 19ième : “Quand le pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes qui vit au sein de la société, ce groupe finit par créer pour lui-même tout un système juridique qui autorise le pillage, et un code moral qui le glorifie.”
Première application de ce principe de pillage dont vous vous rendez complice : Les bénéfices de l’exploitation des autoroutes par des sociétés privées sont une rente prise sur les automobilistes. Ils ne l’ont pas souhaitée mais il vaudrait bien mieux que les bénéfices de cette manne, au lieu d’alimenter la spéculation via les dividendes, la fraude et l’évasion fiscale, soient utilisé par l’état dans l’intérêt collectif par exemple pour l’amélioration des routes nationales ou des projets de grands travaux d’augmentation de capacité.
Deuxième application de ce principe de pillage dont vous vous rendez complice : Un seul camion use les voies comme 3000 voitures ; je le tiens des hommes de l’art. Or l’écotaxe a été abandonnée et les prix des péages d’autoroutes sont loin des proportions relatives d’usure. L’injustice des tarifs constitue une seconde rente prise par les entreprises de transport et celles des produits transportés sur les automobilistes.
Troisième application de ce principe de pillage couvert par un système juridique et un code moral glorificateur : les radars ont d’abord été créés pour remplir les poches d’un ancien ministre. On peut encore admettre que le délit d’initié était le prix de corruption à payer pour calmer les automobilistes d’alors; et à cette époque les radars étaient judicieusement placés. Mais depuis, emballé dans un code moral défiant les chiffres, l’outil a été dévoyé en système de prélèvement par les entreprises qui profitent d’une énorme manne croissante d’investissement dans des radars de plus en plus sophistiqués, omniprésents au point de constituer un véritable panoptique à ciel ouvert. Le système s’amplifie avec la réduction des vitesses qui introduit une probabilité supplémentaire de dépassement tout en permettant une marge de moindre entretien des routes nationales. Pour le plaisir vous lirez que pour passer en dessous de 2000 morts par an par baisses de 10 km/h, il faudrait mathématiquement….. rouler en marche arrière ! Ce système totalitaire outre est inefficace pour la prévention. En revanche il est efficace pour capter une rente par les entreprises de radars et chauffeurs à travers l’état. Là encore, il vaudrait mieux l’investir dans les infrastructures, dans la surveillance et la prévention des conduites agressives, dans les problèmes de santé publique comme le manque de sommeil et le stress. Au lieu de cela, ce sont des dividendes supplémentaires « discrètement » prélevés par sur les automobilistes.
La population rejette massivement votre politique et vous l’imposez comme le traité de Maastricht, en dictateur zélé de l’extrême centre. Nous n’irons plus voter et ça vous arrange, soit !
Mais de grâce avant de vous permettre de me donner des leçons, balayez devant votre porte et regardez-vous : peut-être parviendrez-vous à considérer comment dans cette affaire, vous dévoyez la république au profit des pilleurs au nom de sornettes; et comment pour cela, vous mériteriez d’être poursuivi et plus puni que les coupables par cette collectivité que vous livrez à coup de flash et de caméras à leur joug économique.
Et je ne parle pas du culot et de la manipulation d’oser apposer sur votre courrier, le drapeau tricolore de notre république dont vous corrompez les institutions en servant des rentes à cette oligarchie de parasites qu’est la caste de ces riches aux comportements dignes de Staline.
Alors monsieur le ministre de l’intérieur, monsieur le chef du bureau national des droits à conduire, au lieu de me donner des leçons comme à un enfant, prenez donc ces considérations d’adulte à adulte pour votre grade.
Ce courrier n’attend pas d’autre réponse qu’enfin de l’intégrité morale et intellectuelle suivis des investissements préventifs sérieux en conséquence.