Économiste atterré : vendu au système ou incapable d’en imaginer un autre ?


Il faut toujours faire un tour par la biographie des personnages autorisés à parler médiatiquement. D’où parlent-ils ?

Jacques Généreux a été formé à SciencePo, élève, docteur, puis aujourd’hui professeur dans cette même institution qu’il est inutile de présenter. Il est un notable politique, au PS puis à la FI.

Il a ses entrées dans les médias: une émission à France Culture, directeur de collections au Seuil, chroniqueur par-ci par-là… Jacques Généreux, c’est la gauche caviar bien pensante, le croûton pour tous et la brioche pour moi.

Sa position, c’est que rien ne doit changer; il faut juste que le système soit plus vertueux. On garde tout et on fait «bien». Si ça ne marche pas, c’est qu’on n’a pas appliqué les règles assez «bien».

Il est certes contrôlé; mais il n’incarne pas l’opposition du tout.

Il a bon fond, ce n’est pas un méchant homme; mais il incarne l’idéologie du système et défend l’ordre des pouvoirs en place.

La question des pertes de salaires est claire depuis longtemps mais dès qu’on ose en parler on se trouve qualifié de gauchiste extrême.

Pourtant rien n’est plus factuel dans les méfaits de l’extrême-centre : il suffit d’observer l’évolution du PIB, en particulier la différence entre la part salariale et la part du capital. le PIB n’a d’intérêt que s’il est redistribué pour améliorer la vie. Il peut être redistribuée en salaires – la part salariale donc – ou en profits – la part du capital.

Juste après la seconde guerre mondiale, les communistes (en réalité des socialistes qui s’ignoraient) étaient au pouvoir. Ils ont mis en place la sécurité sociale et les allocations familiales (Ambroise Croizat, a eu droit a des funérailles populaires nationales: un million de français dans la rue tellement le peuple était reconnaissant). Ce sont deux salaires socialisés (au sens de Bernard Friot).

Les salaires ont de plus été indexés sur l’inflation par décision gouvernementale (gouvernement d’Antoine Pinay sous Vincent Auriol). Dans les années 1950, la part des salaires représentait un peu plus de 70% du PIB; ce fut suffisant pour provoquer les trente glorieuses. La quatrième république était la plus saine car elle empêchait structurellement les oligarques d’accéder au pouvoir sans partage. Le gros bourgeois réac’ Charles De Gaulle ne le savaient que trop bien….

Aujourd’hui, la part salariale du PIB est inférieure à 20%. Cela signifie que le pouvoir d’achat des salariés a été divisé par 3, voire 4 par rapport à 1950. Le Capital possède presque tout et il ne s’arrêtera que quand il aura dévoré la dernière miette.

Bernard Friot est bien timide en proposant un SMIC à 1 700 €: on peut le mettre à 5 000 € et il y aurait encore de la place pour les spéculateurs du capital ! Attention, quand je dis 5 000 € c’est en pouvoir d’achat de 2019. Si on multipliait par 4 le SMIC sans maîtriser le pouvoir d’achat, les capitalistes auraient tôt fait de multiplier par 4 les prix (et par plus encore les marges) et le peuple des travailleurs n’aurait rien gagné. Le déséquilibre capital/travail ne serait pas corrigé.

La vitalité de l’économie est directement fonction du rapport entre la part salariale et la part du capital: plus cette dernière est élevée, plus l’économie va mal, chaque crise remplaçant l’autre. Ce sont les travailleurs qui créent les richesses, pas les propriétaires.

Qui a désindexé les salaires ? Le «parti socialiste», en 1982, sous le règne du gros bourgeois réac’ François Mitterrand. Depuis, on a gelé le point d’indice des fonctionnaires et uberisé le privé.

Donc si un «économiste» ne vous dit pas qu’il faut multiplier le pouvoir d’achat d’au moins un facteur 3, s’il prétend que c’est impossible en niant éhontément l’existence des années 1950, s’il ne vous parle pas des clauses environnementales et sociales aux frontières, c’est simple : Il est, consciemment ou inconsciemment, vendu au système !

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